Pierre Alferi

Pierre Alféri

Poète et romancier, résident en avril 2017.
Pierre Alféri est poète, romancier et traducteur. Il a publié aux éditions P.O.L. plusieurs recueils et romans qui constituent autant de recherches sur les formes du langage, en particulier à travers une défense de la prose comme outil poétique, notamment dans La Voie des airs (2004) et Brefs (2016). Son travail d'auteur et sa formation en philosophie sont à l'origine de son projet de résidence en impesanteur. Il tentera, lors de son vol à bord de l'Airbus zéro-G en mars 2017, de saisir les sensations résultant de cette extraction de notre environnement "naturel". L'ouverture vers un espace d'incertitudes, où nul philosophe n'a pensé l'existence, sera l'occasion d'imaginer de nouveaux jeux de langage.

Pierre Alféri expose son projet et ses interrogations en amont du vol Cogito 0g.

Paul Klee tenait la station debout pour une tâche grandiose et redoutable. Il pressentait aussi une vie et une pratique de l'art échappant à la pesanteur. Aujourd'hui que nous pouvons en faire l'expérience, se pose à nouveaux frais la question de l'identité du corps propre, de ce que je « m' » éprouve. Qu'en reste-t-il quand disparaît la pesanteur qui lui rendait sensible sa masse par le poids ? Voici, parmi toutes les formes que peut prendre cette question philosophique nouvelle, celles que je voudrais explorer, avec toute la légèreté requise par cette brève résidence et par la poésie. Que devient l'étendue et comment la pensée, en impesanteur, s'y mesure-t-elle en s'y opposant ? Que serait un cogito 0g, un cogito impondérable ? À quelle certitude Descartes serait-il parvenu en haute altitude ? Que devient l'espace phénoménal sans « Terre archi-originaire », autrement dit la perception sans son socle immobile ? Quelle archè, quel fondement phénoménologique Husserl aurait-il atteints en chute libre ? Que suis-je hors du monde, hors de l'espace polarisé par la gravitation ? Comment faire, de ce qui reste alors ou advient de moi, une description qui parle à celles et ceux resté.e.s à terre, et qui se tiennent debout ?

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